Il y a chez moi toute une rhétorique de l'insatisfaction comme moteur (ou frein) créatif. Pendant quatres année consécutives, j'ai rêvé de devenir un de ces de graphistes hollandais. Aujourd'hui que je me retrouve parmi eux, je me rend compte avec une certaine évidence de mon identité française. Je repense à ce merveilleux et magique workshop que j'ai eu avec Office abc et j'essaie de décoder leurs nouvelles affiches. Je lis les postes de notre bon vieux Thierry tous les jours et pour couronner le tout, je suis en colère contre mes nouveaux profs de me laisser autant de liberté ("you are the architect of your own work", "it's up to you") alors que l'an dernier, je me plaignais de la limitation cérébrale de mes profs de dsaa ("ok c'est cool mais c'est quoi tes applications"). Je suis aussi insatisfait de ma propre pratique et des systématismes récurrents du style qui m'emprisonnent. J'entretiens donc le vague espoir que la flamme du graphisme n'est pas morte en moi et que les meilleurs années de ma pratique restent à venir. Et puis je pense soudain à vous, amis de notre chère et tendre CV2, avec qui j'ai eu des expériences (graphiques et autres) pleines de découvertes innocentes, fragiles et instables.

Illustration : Un poster pour Simon Davies, un prof / designer qui aime discuter des films de Jean-Luc Godard. Pour en savoir plus sur ce poster.